« Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… »
Non, Non, n’ayez crainte, je ne vous fais pas une séquence nostalgie!
C’est juste que le parallèle entre les aspirants artistes de l’époque et les aspirants startuppers d’aujourd’hui me semble assez juste.
Autour de moi, je vois nombre d’entrepreneurs web souffrent du manque de financement français en amorçage – oui, oui, nous aussi. Cette fameuse tranche des premiers 100 à 300.000€ à conquérir et qui sont tellement vitaux à ce stade, pour faire un produit stable et solide, se faire connaître, et avoir quelques experts à embaucher.
A l’époque, les bars d’artistes dans le XVIIIième voyaient passer des peintres, des chanteurs, des danseurs, des musiciens, des imprésarios… Pour nous, startuppers du web, il s’agit de bars près du métro Grands Boulevards. On y retrouve les UX designers, les Community Managers, les CEOs, CTOs, Business Developpers, Bloggueurs et même parfois quelques investisseurs…
Et il est déjà des têtes que je ne croise plus. Et certaines autres sont amaigries et fatiguées, des nombreuses heures passées à essayer de créer à partir de rien, sans moyen et en se privant de pas mal de choses, une société innovante.
Et dans chacun de ses visages, nous pouvons lire l’envie, la compétence, mais aussi parfois l’échec ou le renoncement.
Que de bons projets, que de bonnes idées perdues par asphyxie, ou étouffées pour se transformer en une société de services, pour faire entrer quelques chiffres d’affaires, histoire de faire mousser ses Business Angels incompréhensibles, qui regardent plus les chiffres de quelques milliers d’euros entrés que le potentiel d’une idée intéressante.
Cette année, tous les indicateurs sont dans le rouge dans l’amorçage. Pratiquement aucune levée de fond auprès de Business Angels dans le monde web français, hormis auprès de son réseau personnel et donc plutôt assimilé à de la Love Money.
La crise y est un peu pour quelque chose, mais tout de même, la pilule est amère.
La bohème de l’entrepreneur web, c’est sa capacité à bootstrapper, avec ses moyens, limités obligatoirement. Impossible pour lui de faire faire le design de tueur qu’on lui reproche de ne pas avoir et qu’il ne sait pas faire seul; improbable qu’il acquière des compétences de commercial pour vendre son produit sans aide; inconcevable qu’il développe l’application iPhone qui irait si bien avec alors que son idée reste son principal atout… Et comment attirer une équipe sans moyens financiers!
Il y a bien le Startup WeekEnd et autre BeMyApp qui pallient un peu, et durant quelques heures, pour faire grandir un concept. Mais sans argent, sans capacité à se faire connaître, à développer son réseau, son application, à prouver son business plan, il n’est pas certain que cela suffise. C’est même pratiquement certain…
Autour de moi, Picard et Panzani se font des c… en or sur le dos des startuppers, et peu de gens reconnaissent ses sacrifices au delà du cercle de ceux qui le vivent ou l’ont vécu. Mais bon, quelque part, cela reste normal : il faut bien créer quelque chose qui ait tout de même de la valeur. Mais il semble qu’elle ne soit reconnu nulle part actuellement… Sommes-nous si mauvais?
Mais malgré ce vent de pessimisme qui souffle sur ce billet, il est bon de rappeler ceci : « La bohème, ça voulait dire on est heureux »!
Car, malgré les problèmes, malgré les renoncements et la peur de voir tout simplement s’éteindre dans un coin tout ce qu’on a fait de nos mains et avec nos coeurs, il y a toujours l’envie, le désir de construire, de partir du vide pour arriver à quelque chose. Et je voulais vous dire à tous, gens de ce petit microcosme innovant, que je suis très fier de vous, de faire parti des vôtres et d’avancer et de reculer à vos côtés!
On va y arriver, plus qu’à apprendre la chansonnette!!! 😉