Voici presque deux ans que je n’ai plus écrit sur ce blog, mais que je brûle d’envie de le faire car il y a tant de sujets qui me dévorent à nouveau.
Et justement, le magazine « L’Expansion » de ce mois de juin 2014 a un dossier sur un des sujets qui me taraudent : les robots et leur impact sur nos vies.
Cela me donne l’occasion de reprendre mon clavier et d’exprimer ce que je vois de ma fenêtre.

Les robots sont parmi nous depuis un bail

Lorsqu’on parle de robots, on imagine des humanoïdes, souvent en métal, mécanisés et informatisés. Dans l’inconscient collectif, un robot se rapproche de nous de part ses capacités : il nous remplace dans les tâches qu’il effectue, mais aussi dans l’image.
Or, si l’on s’en tient à ses fonctions, l’interphone en bas de votre immeuble est déjà un robot : un automate primaire dont la fonction est de déclencher une action précise – débloquer le verrouillage d’une porte -lorsqu’une séquence attendue de caractères est entrée sur son clavier.
Vous le comprenez alors : cela fait longtemps que les robots sont parmi nous!

Ainsi donc, le robot est tout autant votre interphone, votre smartphone, votre ordinateur, que le robot industriel qui monte une voiture.

Le phénomène devient très visible

Mais ce qui fait que l’on en parle de plus en plus, c’est que les robots entrent dans nos vies de tout côté : ils vous sondent – les bracelets issus du quantified self et autres joyeuseries -, compilent vos données de navigation – les machines de Google et consorts -, ils vous servent – l’ensemble des applications mobiles – , font le ménage à votre place – les robots aspirateurs -, vous épaulent dans votre travail – robot mécanique ou processus informatisés… Et c’est dans ce domaine que cela commence à gratter de façon visible.

Oui, les robots vont nous remplacer

Durant longtemps, comme l’expliquent très bien les articles dans l’Expansion, les avancées techniques destructrices d’emploi étaient compensées par les nouveaux métiers qualifiés que l’innovation amenait.

Il faut bien comprendre ce qu’est un robot : une fois que son apprentissage est fait, aucun être humain ne peut faire mieux que lui dans son domaine. Il ne faut pas opposer aux robots les pensées du genre « Un robot ne peut pas soigner comme un docteur » ou « Jamais il ne sera aussi bon qu’un juriste dans l’application des lois ». En fait, ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne soit en fait meilleur dans ces domaines que les plus grands experts : dès lors qu’un métier est composé d’un ensemble de savoirs acquis par la connaissance de règles, un robot fera mieux, aussi bien dans l’exécution physique – sa précision, sa minutie, sa rapidité – que dans la recherche de données croisées permettant de trouver la solution – big data, bases croisées, connexion en réseau ultra rapide… Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de loupé, d’accidents, d’erreurs commises ou que cela ne sera pas long à mettre en place, mais simplement c’est un fait : chaque fois qu’un process effectué par un être humain – à défaut d’autre chose sous la main – a pu être automatisé, jamais on n’est revenu en arrière tant le résultat est meilleur.

De fait, beaucoup de métiers sont déjà en souffrance, et à un horizon de plus en plus proche, pratiquement l’ensemble (disons un siècle à vu d’oeil…).

Prenons un cas très simple : les taxis (c’est à la mode en ce moment…)! Actuellement, ils sont en bisbilles avec les VTC qui utilisent déjà des technologies innovantes pour être plus performants qu’eux à un coût moindre – même si ce n’est pas le seul biais, je ne m’étends pas sur cette histoire. Mais si on regarde un peu plus loin, on voit que même les VTC ne sont qu’une étape amenée à disparaître : les Google Cars démontrent que la voiture peut devenir un robot comme un autre, et conduire n’importe qui où il le souhaite, sans pilote et sans accident. Demain, c’est les auto écoles qui auront à se plaindre! La conduite deviendra un loisir comme de faire du cheval, qui fut remplacée par l’automobile en son temps.

Je ne vais pas déclamer tous les métiers déjà touchés et ceux qui le seront très vite. Sans vouloir faire de publicité, le dossier de l’Expansion est vraiment très étayé et je ne ferai pas mieux à mon niveau.

Alors, si les robots sont un problème, que fait-on?

C’est justement ce qui m’ennuie : actuellement, rien n’est fait, rien n’est imaginé pour compenser cela, pour inventer un monde où les machines font à notre place de plus en plus de chose.

Nos moyens de subsistance dans le monde sont actuellement basés sur le travail. Avec les délocalisations d’entreprise, ce modèle en occident est déjà difficile à tenir, mais cela passe encore pour le moment avec des subsides alloués par l’Etat.

Mais demain, le taux de personnes remplacées par une machine plus performante et moins chère va s’accroître rapidement. Et donc, la pression sur les revenus va aller de pair…

Des débats arrivent sur le revenu universel, car le problème est déjà là : il va y avoir de moins en moins de travail car les puissances des robots vont aller de façon exponentielle alors que l’homo-sapiens a une évolution lente en comparaison. Même en imaginant aller vers le transhumanisme, nos capacités sont limités en comparaison d’une puissance machine qui n’a pas de limite à ce jour – on pourrait me sortir la loi de Moore, certes, mais le calculateur quantique n’est plus si loin non plus.

Mais malgré cette dernière phrase qui peut paraître pessimiste, je pense sincèrement que les robots sont une chance inouïe!

Ils peuvent sortir l’humanité de l’obligation de travailler pour vivre – ce qui ne veut pas dire ne pas travailler! Et à condition que l’on s’y prépare bien!

Le revenu universel ne me semble pas être la bonne solution – ou le bon terme

Le revenu universel indique une norme, un minima afin que les gens survivent dans la société dans laquelle ils sont.

Mais l’être humain a cela d’intéressant que le mode « survie » ne lui sied guère et qu’il préfère « Vivre ». Le minima ne doit donc pas être un calcul indiquant ce que l’on doit donner, mais juste indicateur comme un autre.

Je préfère une autre façon de voir.

Reprenons le cas de nos chevaux. Lorsque l’automobile est arrivée, d’abord de façon pusillanime, puis en masse avec les idées de ce cher vieux Ford, cet animal, jusqu’ici principal moyen de locomotion depuis des millénaires, est devenu petit à petit une pièce de boucherie, au mieux un animal de compagnie. Comparé à la bataille actuelle autour des taxis qui n’ont qu’un siècle d’existence, il est étonnant de voir qu’il n’y ait pas eu plus de résistance à l’époque à ce changement majeur. Enfin bref, un cheval ne vote pas…

Et du coup, à l’arrivée de cette voiture qui allait façonner le siècle dernier, on a calculé la puissance de ces engins en fonction de leur puissance de traction rapportée à celle de ceux qu’ils remplaçaient, telle la fameuse 2 CV!

Et je pense qu’il faudrait faire pareil : l’étalon – jeu de mot facile, j’en conviens 😉 – serait l’être humain, et la puissance de ces robots serait rapportée, non sur la traction mais sur le nombre qu’il remplace dans la fonction qui lui est allouée.

Pour un robot chirurgien, un sera proche du un pour un; pour un robot peintre nous tendrons vers des dizaines; mais pour un robot trader, cela peut monter sur des centaines d’êtres humains. Il faut donc ajouter un coefficient de complexité pour rendre des lettres de noblesse à ces métiers complexes à robotiser. Attention, comme on le voit : les traders sont plus facilement remplacés qu’un peintre; donc pour les robots, la puissance n’a pas de rapport avec les statuts sociaux actuels ni les études.

Acheter son petit 4 Humains

L’autre chose qui ne me va pas avec le revenu universel, c’est qu’il s’agit encore d’un impôt posé sur ceux qui génèrent des revenus pour reverser à ceux qui n’en ont pas.

Pour court-circuiter ce sentiment d’aide / spoliation, je propose que les hommes achètent initialement leur robot : j’achète un robot dans une usine, dans un hôpital, dans une école… Qui me remplace et qui me génère un revenu. Je l’entretiens ou le fais entretenir, et j’en achète un plus gros par la suite… Cela permet de se sentir responsable de son propre revenu mais aussi de ce que j’amène à la collectivité.

Car il ne faut pas oublier que l’on ne sait pas ce que l’oisiveté nous réserve…

Admettons que tout cela arrive : on a tous nos petits robots, on ne travaille plus pour subvenir aux besoins de base et même à nos désirs. On peut donc s’adonner à d’autres activités : sport, culture, politiques, etc… Mais qu’arrive t’il alors à notre estime de soi? Au fait de parvenir à quelque chose? Au défi que l’on se lance pour économiser suffisamment pour s’offrir telle ou telle chose qui lui donne tellement plus de valeur que si on l’avait gagné au loto? Les humains paresseux que présentent Pixar dans Wall-E sont tout bonnement abjects!

Le travail et l’estime de soi

L’apparition des robots va bouleverser la société profondément. Sans même entrer dans les Intelligences Articielles émergentes, conscience naissante, perception de soi, etc… cauchemars ou rêves que nous font entrevoir certaines séries ou films – catastrophes ou non – , je pense qu’il est bon de se demander ce que sera une société où l’interdépendance d’un être humain par rapport à un autre ne sera plus perceptible : j’ai besoin de mon boucher, de mon dentiste, de mon banquier (mauvais exemple ;)…)…

En cela, il serait bon de relire les textes de la Grèce Antique, en particulier le cas d’Athènes, qui vit naître la première Démocratie, mais aussi la première à s’affranchir du travail en pratiquant l’esclavage pour ces citoyens. Le citoyen possédait terres, esclaves et autorité. Mais ne travaillait pas. Enfin, il avait des obligations sociales, politiques, militaires même, mais globalement, il n’avait pas besoin de se lever le matin pour manger dans la journée.

Ce que va proposer ce nouveau monde est tout simplement si éloigné de notre approche qu’il va falloir tout repenser! C’est un vrai défi et une vraie chance. Il y a du pire et du meilleur dans ce qui s’annonce, comme en tout bouleversement. Alors on devrait s’y préparer et essayer de penser un peu ce que cela pourrait être, car c’est inéluctable : jamais le progrès n’a été stoppé par le bon vouloir humain, et malgré les résistances évidentes qui se feront jour, cela se fera.

Alors, des suggestions? Un avis? Des idées pour faire avancer tout cela? :)